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La Mort du Roi Hassan II

Après 38 ans d'un règne sans partage, le Roi Hassan II du Maroc s'est éteint le 23 juillet dernier. Commandeur des croyants et épicurien, despote et moderniste: il fut une personnalité pleines de contradictions qui inspirait à la fois l'admiration et la crainte. Le Maroc connut, durant pratiquement quatre décades, une stabilité et une continuité incomparable dans le monde arabe meme si ce fut au prix de sanctions sans pitié à l'égard de tous ceux qui s'opposaient au régime.

Né à Rabat en 1929 sous le Protectorat français, ses jeunes années furent dominées par la lutte de son pays pour l'indépendance. De 1953 à 1955, le Maroc est déchiré par des émeutes qui feront des milliers de morts. La répression est féroce mais la France accepte finalement à contre-coeur l'indépendance le 6 novembre 1955. Destitué, son père le Roi Mohammed V refuse d'abdiquer et s'exile à Madagascar. La monarchie est cependant sauvegardée. En 1957, son père le nomme Chef d'Etat-Major des forces armées. Il sera, durant cette période, responsable de la cruelle répression contre le soulèvement des berbères dans le Rif. A la mort inattendue de son père en 1961, nombreux sont ceux qui doutent des capacités du jeune Prince à reprendre, avec autant de brio, les fonctions royales. Le 26 février 1961, Hassan II est intronisé et l'aventure commence. Mohammed V avait toujours poursuivi une politique de non-alignement. Hassan II choisit, quant à lui, de se forger une alliance avec les pays occidentaux et plus particulièrement avec la France et les Etats-Unis. Ce soutien aux puissances de l'ouest ne fait pas l'unanimité surtout au sein des nationalistes arabes. Cela lui vaudra d'ailleurs quelques frictions avec l'Algérie. Cependant Hassan II représente l'un des plus influents leaders arabes. Ses relations avec Israel et les pays occidentaux le placeront au centre des négociations pour la paix en 1979 entre Israel et l'Egypte. Et ses intérets ne se limitent pas uniquement aux pays arabes, il s'engagera également dans les conflits concernant l'Afrique et notamment au Zaire.

Mais Hassan II doit également faire face à des problèmes internes: en 1963 l'un des principaux opposants au régime, le charismatique Medhi Ben Barka fomente un coup d'Etat, puis s'envole vers la France. Il disparait en 1965, enlevé semble-t-il devant le drugstore de St Germain à Paris. Les relations entre la France et le Maroc sont alors brouillées et les services secrets de 5 ou 6 pays y sont melés. L'affaire devient alors une cause célèbre et aujourd'hui encore on ne sait toujours pas où se trouve le corps de Ben Barka.
La vie reprend son rythme et derrière les grilles de son palais, toujours entouré de courtisans, de suiveurs, de femmes, ses caprices et ses désirs sont la seule loi. Mais le calme n'est qu'apparent et Hassan II connait au début des années 70 de sombres heures: deux coups d'Etat à un an d'intervalle sont intentés à son encontre. En 1971, de jeunes officiers armés font irruption lors d'une fete donnée à l'occasion de l'anniversaire du souverain. C'est un véritable massacre et de nombreux invités sont tués lors de ce putsh qui finalement s'apaise très rapidement. Les auteurs sont alors retrouvés et exécutés sans jugement, ni procès, par le Général Oufkir. L'année suivante, son boeing est mitraillé par six avions de chasse marocains dans les montagnes du Rif. Encore une fois Hassan II échappe à la mort. Il apparait peu à peu que c'est le Général Oufkir, lui meme, qui se trouve à l'origine de ces deux coups d'Etat. La revenge est alors terrible et le corps du Général est retrouvé criblé de cinq balles... assassinat ou curieux suicide? La famille d'Oufkir payera également le prix de cette trahison et sera emprisonnée durant de longues années avant de pouvoir finalement s'exiler au milieu des années 90.
Sa cruauté envers ses opposants est tempérée par une politique plus démocratique. De nombreuses réformes vont dans le sens d'une plus grande liberté au sein des institutions: multipartisme, indépendance des médias... D'autre part Hassan II comprend aussi qu'il doit rallier son peuple. Pour cela le meilleur moyen est d'affronter une menace extérieure. En 1975, il lance la Marche Verte et envoie son premier ministre à la tete de 400 000 civils dans le désert. Le peuple est ainsi invité à avancer désarmé vers la frontière du Sahara espagnol et à en prendre possession. Et retrouver à cette occasion l'unité nationale.
L'opposition islamiste apparait au milieu des années 70. La menace est à prendre au sérieux mais en tant que Commandeur des croyants et héritier d'une des plus vieilles dynasties d'Afrique Hassan II est en mesure de controler la situation plus aisément que certains régimes arabes modernes tels que l'Algérie, la Syrie ou l'Egypte. Lorsque, dans les années 90, les islamistes deviennent une force incontestable dans la société, le Roi du Maroc refuse de leur donner le statut politique qu'ils attendent et n'hésitent pas à agir par la force lorsque ceux-ci créent des troubles. Un des leaders, Abd Al-Salaam Yassin, sera ainsi arreté et jeté en prison.
Il apparait à la lueur de son parcours politique qu'Hassan II fut un homme intelligent et un fin stratège en matière de diplomatie. Il a également contribué au développement économique du Maroc sans pour autant créer de traumatisme au sein de la société. La "carrière du Roi" fut sans conteste, si l'on peut dire, un succès. Mais il ne faut pas oublier pour autant tous ceux qui sont morts sans qu' aucune justice ne soit faite et ce uniquement parce qu'ils se opposé à ses lois.

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