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QUELLE
SOLUTION A L'AIDE AU DEVELOPPEMENT? Le
17 juin dernier, les rues de la city, quartier emblématique des
affaires de Londres, 1er centre économique et financier en Europe,
ont été le théatre d'une protestation d'une rare
violence contre le poids de la dette sur les pays du tiers-monde. Au meme
moment, se tenait à Cologne, en Allemagne, le sommet du G8, réunion
des sept pays les plus riches du monde qui ont décidé à
cette occasion d'adopter un plan d'aménagement de la dette. Promesse
a été faite également de repenser l'aide publique
qui atteint parfois les limites de l'absurdité. De plus en plus,
la question est posée de savoir quelle sera le devenir de cette
dette.
Sur les cinquante dernières années, les pays riches ont
donné des centaines et des centaines de milliards de francs d'aide
aux pays pauvres. Cette gigantesque somme d'argent n'a paradoxalement
servi à rien ou presque, en tous cas, pas à sortir ces pays
de la misère. De meme que toutes les études - il est impossible
de les compter - sur le problème n'ont pas réussi à
trouver un lien entre l'aide apportée et une croissance économique
rapide. Car les pays pauvres qui reçoivent beaucoup d'argent sous
forme d'aide ne font curieusement pas mieux que ceux qui en reçoivent
peu. Pourquoi ce phénomène?
Parce que, en partie, les donateurs n'ont pas toujours fait de la croissance
économique une priorité et encore moins une condition à
leur aide. Une part non négligeable de l'aide saoudienne, par exemple,
est d'abord destinée à des causes spirituelles plutot qu'à
des besoins matériels. De meme pendant la guerre froide, l'Union
Soviétique a soutenu à bout de bras des despotes communistes
odieux tandis que les Etats-Unis se rangeaient, de manière égale,
derrière des régimes anti-communistes de la pire espèce.
De nos jours encore, Israel se taille la part du lion pour ce qui est
de l'aide américaine aux pays pauvres. Et l'Egypte vient juste
derrière en récompense justement à sa reconnaissance
de l'Etat hébreu. La Russie et l'Ukraine, pour citer d'autres exemples,
reçoivent des milliards et des milliards pour les empecher d'etre
tenté de brader leur énorme arsenal nucléaire.
Meme quand le développement économique est le but avoué
de l'aide, les erreurs d'appréciation sont nombreuses. Les grands
donateurs, sans doute un peu pour satisfaire leur égo, aiment à
financer de grands projets, des cathédrales dans le désert
selon l'expression consacrée, tels que des barrages ou des industries
lourdes. Mais les petits et moyens dons également sont souvent
inappropriés. Quelques exemples à travers le monde peuvent
preter à sourire mais sont dramatiques dans leur faillite. Des
Somaliens affamés ont, par exemple, reçu des pilules contre
les brulures d'estomac. Des Mozambicains se sont fait envoyés des
chaussures à haut talons. Une mauvaise étude du terrain
peut aussi rendre l'aide sans aucune utilité. Une pisciculture
a été construite au Mali dans des canaux d'irrigation secs
pendant la moitié de l'année.
Ce ne sont pas là les seuls obstacles à l'aide aux pays
pauvres. Une cargaison de vaccin a été détruite au
Congo lorsque les rebelles ont coupé l'approvisionnement en électricité
dans la capitale. En Afghanistan, les talibans ont fermé des hopitaux
ouverts grace à l'aide internationale parcequ'ils employaient des
femmes. De manière générale, la corruption, l'incompétence
et les politiques économiques défiant tout bon sens contribuent
à gacher l'argent de l'aide.
Lorsque le produit intérieur brut d'un pays donné augmente,
les indicateurs sociaux ont tendance à croitre de la meme manière.
En thailande où le revenu par habitant a triplé entre 1966
et 1990, la proportion de la population vivant en dessous du seuil de
pauvreté est passé de plus de cinquante pour cent à
près de 2 pour mille. La mortalité infantile a chuté
de presque deux tiers. D'autres pays, comme l'Inde, à la croissance
plus lente, font beaucoup moins bien. La moitié des indiens vivent
dans un dénuement complet meme si, dans la meme période
le revenu par tete d'habitant a plus que doublé alors que le taux
de mortalité infantile chutait de moitié.
Jusqu'à récemment, les pays est asiatiques avaient une croissance
économique plus rapide alors que les zones les plus désastreuses
se trouvaient disproportionellement en Afrique. Ce décalage a amené
beaucoup d'économistes et politiciens occidentaux à conclure
un peu rapidement que la culture était un indicateur important
sinon essentiel au développement économique. En fait, on
se rend compte de plus en plus, qu'il n'y a pas mieux qu'une politique
saine et des institutions solides et opérationnelles, soutenues
par des aides libérales, pour sortir un pays sous-développé
de la misère. Mais il n'est pas facile de persuader les pays pauvres
de changer leur politique et institutions malades pour en adopter de meilleures
et mieux adaptées. Pendant des années, le fond monétaire
international (FMI) et la banque mondiale (BM) ont posé comme conditions
à leur aide la mise en place de réformes politiques sous
forme de politique d'austérité. Le résultat est mitigé
car le nombre de pays acceptant d'adopter beaucoup de bonnes résolutions
mais reculent très vite devant le prix social de telles réformes.
Et très souvent les deux grandes institutions monétaires
internationales se font accuser à tort ou à raison que leur
but n'est autre que de récupérer leurs prets à travers
ces politiques imposées plutot qu'à favoriser le décollage
économique.
Le sommet du G8 qui s'est tenu le mois dernier à Cologne a adopté
un plan d'alignement de la dette des pays pauvres dont la condition essentielle
est que l'aide apportée serve d'abord à financer les projets
liés à l'éducation et à la santé. En
fait une grande partie de l'aide sert déjà à financer
les deux secteurs déjà mentionnés. Mais la banque
Mondiale en connait toutes les difficultés. Ce qui n'est pas le
cas des pays donateurs qui financent des projets spécifiques comme
l'irrigation ou la construction d'écoles. Puisqu'en général
les canaux sont creusés et les classes construites, leur satisfaction
est entière lorsque l'aide a atteint son objectif principal. Mais
pour la plupart, ce n'est probablement pas le cas. Les observations ont
en effet prouvé que l'argent de l'aide va d'abord dans la cagnotte
publique et peut servir à renflouer n'importe quel secteur pourvu
qu'il y ait besoin. Cela ne signifie pas cependant pas que les donateurs
devraient arreter de supporter les projets spécifiques. Car souvent
la vraie valeur d'un barrage ou d'un réseau téléphonique
construits avec l'argent de l'aide ne réside pas dans la somme
apportée mais dans le transfert de technologie, le savoir-faire
et la formation à une maintenance appropriée. De plus en
plus, la question est de savoir si l'aide ne serait pas plus simple et
plus efficiente si elle prenait la forme d'un renflouement sans condition
de la balance des paiements. En d'autres termes, sous la forme de cash
(liquides). Les pays riches devraient dans tous les cas se montrer moins
cruels. L'aide d'urgence est une chose. Mais le flot de l'aide publique
devrait etre dirigé principalement vers les pays avec une gestion
politique et économique saine. De meme que les dons devraient aller
en priorité aux pays dont le seuil de pauvreté par habitant
est important. Le Mozambique et l'Ouganda en Afrique, l'Inde ou le Vietnam
en Asie, entre autres, remplissent ces deux critères. Des pays
comme le Zimbabwé , le Kenya ou encore la Russie, qui reçoivent
une part substantielle de l'aide internationale, ne les satisfont pas
ou très peu. Selon la banque mondiale, 10 milliards de dollards
d'aide en plus pourraient sortir 25 millions de gens de la misère
si l'économie des pays est bien gérée. La meme somme
ne serviraient qu'à 7 millions de personnes si elle va à
un pays mal dirigé. |
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