ECONOMIE
Front Page (p.1)
Politique (p.2)
Economie (p.3)
Economie (p.4)
Culture (p.5)
Culture (p.6)

 

email

QUELLE SOLUTION A L'AIDE AU DEVELOPPEMENT? 

Le 17 juin dernier, les rues de la city, quartier emblématique des affaires de Londres, 1er centre économique et financier en Europe, ont été le théatre d'une protestation d'une rare violence contre le poids de la dette sur les pays du tiers-monde. Au meme moment, se tenait à Cologne, en Allemagne, le sommet du G8, réunion des sept pays les plus riches du monde qui ont décidé à cette occasion d'adopter un plan d'aménagement de la dette. Promesse a été faite également de repenser l'aide publique qui atteint parfois les limites de l'absurdité. De plus en plus, la question est posée de savoir quelle sera le devenir de cette dette.

Sur les cinquante dernières années, les pays riches ont donné des centaines et des centaines de milliards de francs d'aide aux pays pauvres. Cette gigantesque somme d'argent n'a paradoxalement servi à rien ou presque, en tous cas, pas à sortir ces pays de la misère. De meme que toutes les études - il est impossible de les compter - sur le problème n'ont pas réussi à trouver un lien entre l'aide apportée et une croissance économique rapide. Car les pays pauvres qui reçoivent beaucoup d'argent sous forme d'aide ne font curieusement pas mieux que ceux qui en reçoivent peu. Pourquoi ce phénomène?
Parce que, en partie, les donateurs n'ont pas toujours fait de la croissance économique une priorité et encore moins une condition à leur aide. Une part non négligeable de l'aide saoudienne, par exemple, est d'abord destinée à des causes spirituelles plutot qu'à des besoins matériels. De meme pendant la guerre froide, l'Union Soviétique a soutenu à bout de bras des despotes communistes odieux tandis que les Etats-Unis se rangeaient, de manière égale, derrière des régimes anti-communistes de la pire espèce. De nos jours encore, Israel se taille la part du lion pour ce qui est de l'aide américaine aux pays pauvres. Et l'Egypte vient juste derrière en récompense justement à sa reconnaissance de l'Etat hébreu. La Russie et l'Ukraine, pour citer d'autres exemples, reçoivent des milliards et des milliards pour les empecher d'etre tenté de brader leur énorme arsenal nucléaire.
Meme quand le développement économique est le but avoué de l'aide, les erreurs d'appréciation sont nombreuses. Les grands donateurs, sans doute un peu pour satisfaire leur égo, aiment à financer de grands projets, des cathédrales dans le désert selon l'expression consacrée, tels que des barrages ou des industries lourdes. Mais les petits et moyens dons également sont souvent inappropriés. Quelques exemples à travers le monde peuvent preter à sourire mais sont dramatiques dans leur faillite. Des Somaliens affamés ont, par exemple, reçu des pilules contre les brulures d'estomac. Des Mozambicains se sont fait envoyés des chaussures à haut talons. Une mauvaise étude du terrain peut aussi rendre l'aide sans aucune utilité. Une pisciculture a été construite au Mali dans des canaux d'irrigation secs pendant la moitié de l'année.
Ce ne sont pas là les seuls obstacles à l'aide aux pays pauvres. Une cargaison de vaccin a été détruite au Congo lorsque les rebelles ont coupé l'approvisionnement en électricité dans la capitale. En Afghanistan, les talibans ont fermé des hopitaux ouverts grace à l'aide internationale parcequ'ils employaient des femmes. De manière générale, la corruption, l'incompétence et les politiques économiques défiant tout bon sens contribuent à gacher l'argent de l'aide.
Lorsque le produit intérieur brut d'un pays donné augmente, les indicateurs sociaux ont tendance à croitre de la meme manière. En thailande où le revenu par habitant a triplé entre 1966 et 1990, la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de plus de cinquante pour cent à près de 2 pour mille. La mortalité infantile a chuté de presque deux tiers. D'autres pays, comme l'Inde, à la croissance plus lente, font beaucoup moins bien. La moitié des indiens vivent dans un dénuement complet meme si, dans la meme période le revenu par tete d'habitant a plus que doublé alors que le taux de mortalité infantile chutait de moitié.
Jusqu'à récemment, les pays est asiatiques avaient une croissance économique plus rapide alors que les zones les plus désastreuses se trouvaient disproportionellement en Afrique. Ce décalage a amené beaucoup d'économistes et politiciens occidentaux à conclure un peu rapidement que la culture était un indicateur important sinon essentiel au développement économique. En fait, on se rend compte de plus en plus, qu'il n'y a pas mieux qu'une politique saine et des institutions solides et opérationnelles, soutenues par des aides libérales, pour sortir un pays sous-développé de la misère. Mais il n'est pas facile de persuader les pays pauvres de changer leur politique et institutions malades pour en adopter de meilleures et mieux adaptées. Pendant des années, le fond monétaire international (FMI) et la banque mondiale (BM) ont posé comme conditions à leur aide la mise en place de réformes politiques sous forme de politique d'austérité. Le résultat est mitigé car le nombre de pays acceptant d'adopter beaucoup de bonnes résolutions mais reculent très vite devant le prix social de telles réformes. Et très souvent les deux grandes institutions monétaires internationales se font accuser à tort ou à raison que leur but n'est autre que de récupérer leurs prets à travers ces politiques imposées plutot qu'à favoriser le décollage économique.
Le sommet du G8 qui s'est tenu le mois dernier à Cologne a adopté un plan d'alignement de la dette des pays pauvres dont la condition essentielle est que l'aide apportée serve d'abord à financer les projets liés à l'éducation et à la santé. En fait une grande partie de l'aide sert déjà à financer les deux secteurs déjà mentionnés. Mais la banque Mondiale en connait toutes les difficultés. Ce qui n'est pas le cas des pays donateurs qui financent des projets spécifiques comme l'irrigation ou la construction d'écoles. Puisqu'en général les canaux sont creusés et les classes construites, leur satisfaction est entière lorsque l'aide a atteint son objectif principal. Mais pour la plupart, ce n'est probablement pas le cas. Les observations ont en effet prouvé que l'argent de l'aide va d'abord dans la cagnotte publique et peut servir à renflouer n'importe quel secteur pourvu qu'il y ait besoin. Cela ne signifie pas cependant pas que les donateurs devraient arreter de supporter les projets spécifiques. Car souvent la vraie valeur d'un barrage ou d'un réseau téléphonique construits avec l'argent de l'aide ne réside pas dans la somme apportée mais dans le transfert de technologie, le savoir-faire et la formation à une maintenance appropriée. De plus en plus, la question est de savoir si l'aide ne serait pas plus simple et plus efficiente si elle prenait la forme d'un renflouement sans condition de la balance des paiements. En d'autres termes, sous la forme de cash (liquides). Les pays riches devraient dans tous les cas se montrer moins cruels. L'aide d'urgence est une chose. Mais le flot de l'aide publique devrait etre dirigé principalement vers les pays avec une gestion politique et économique saine. De meme que les dons devraient aller en priorité aux pays dont le seuil de pauvreté par habitant est important. Le Mozambique et l'Ouganda en Afrique, l'Inde ou le Vietnam en Asie, entre autres, remplissent ces deux critères. Des pays comme le Zimbabwé , le Kenya ou encore la Russie, qui reçoivent une part substantielle de l'aide internationale, ne les satisfont pas ou très peu. Selon la banque mondiale, 10 milliards de dollards d'aide en plus pourraient sortir 25 millions de gens de la misère si l'économie des pays est bien gérée. La meme somme ne serviraient qu'à 7 millions de personnes si elle va à un pays mal dirigé.

Front Page (p.1)Politique (p.2), Economie (p.3),  Economie (p.4)Culture (p.5),   Culture (p.6)