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LA GALERIE DES PHOTOGRAPHES

Suite à la découverte de la photo en 1839, nombre d'explorateurs, missionnaires, ethnographes blancs ont sillonné l'Afrique, un arsenal hétéroclite d'équipements photographiques en bandoulière, pour saisir l'indescriptible. Leurs photos, superbe héritage, ont retracé leurs aventures dans ces contrées lointaines et inconnues.

En Europe et en Amérique, la quete de l'exotique se faisait chaque jour plus grande. Les premiers photographes ont de fait visité le continent noir avec comme objectif de satisfaire cette tendance, axant ainsi leur curiosité - d'autres y verraient plutot un certain voyeurisme - sur tous les aspects d'une culture africaine supposée "primitive". Les photographes européens se sont d'abord installés dans les villes portuaires de l'ouest et du sud de l'Afrique, escales privilégiées des navires de commerce (en partance) sur la route des Indes. Il n'a cependant pas fallu longtemps avant que les africains se familiarisent avec l'appareil photo et commencent à présenter au monde entier la vision qu'ils ont d'eux-meme et de leur milieu social. De cette époque datent les premiers photographes africains professionnels. Il revient tout naturellement à Joseph Moise Agbodjelou l'honneur d'ouvrir cette galerie de portraits des photographes africains. Joseph Moise Agbodjelou est l'un des rares photographes de cette époque encore en vie. Né en 1912 au Bénin, il a appris la photo dans l'armée française puis s'est fait remarqué en prenant des portraits des familles de notables de Cotonou, capitale du Bénin (l'ancien Royaume du Dahomey). Assis de face, les mains autour des genoux, ses sujets observaient une pose droite et immobile leur conférant une certaine importance. La formalité du style de portrait d'Agbodjelou va plus tard se heurter avec celui plus relax de ses contemporains. Quel contraste, en effet, avec la technique "moderne" de Mama Casset (1908-1992), photographe sénégalais, un des plus grands artistes ouest africains de ce siècle.

Casset a appris la photo à partir de douze ans, d'abord avec un photographe français installé à Dakar, capitale du Sénégal. Devenu plus tard photographe dans l'aviation française durant la seconde guerre mondiale, il ouvrit à son retour le fameux studio de la photo africaine connu de tous dans le quartier populaire de la Médina à Dakar. Un succès immédiat. Toute la bourgeoisie dakaroise allait défiler devant son objectif. Son style va etre pris en exemple par tous les photographes jeunes ou confirmés. Mais loin de se confiner à l'Afrique de l'Ouest, l'enthousiasme pour le portrait photographique allait se répandre partout en Afrique. La famille Boyadjian, originaire de l'Arménie, arrivée en Ethiopie en 1904, allait devenir, et ce de pères en fils, les photographs officiels de la Cour Impériale durant les régimes de Ménélik Zawdustu et de Hailé Sélassié.

A l'autre bout de l'Afrique, on peut citer d'autres célèbres portraitistes comme les sud-africains Peter Magubane ou encore Alf Kumato qui, tout en versant dans le mode du portrait, ont toujours gardé le drame de l'Apartheid en toile de fond.

Dans un autre style, le zairois Dépara a produit des clichés inoubliables de la vie nocturne à Kinshasa dans les années 50 faisant ressortir merveilleusement la ferveur de la Rumba ou du Cha Cha, célèbres danses zairoises.

Pour en revenir aux géants de la photo en Afrique, on ne peut manquer de citer le malien Seydou Keita, né en 1923 à Bamako et toujours en vie. En un demi-siècle, ce photographe parmi les plus célèbres en Afrique, a acquis une énorme réputation pour ses portraits d'un typisme particulier. Avec un art consommé du détail décoratif, les photos prises par Keita révèlent en effet son amour de la photo et plus particulièrement son plaisir à organiser toute une mise en scène pour ses séances de prise de vue. Autre mérite de ce précurseur, il fut l'un des premiers en Afrique à rajouter, aux décors de tissus typiquement africains, tout un assemblage d'accessoires modernes tels qu'un téléphone, une radio par-ci, un sac à main ou un stylo accroché à une poche par-là. Ses photos avaient ainsi ceci de particulier que ses sujets avaient quelque chose de "folklorique" et de "sophistiqué" en meme temps. L'originalité de Seydou Keita fera qu'en Afrique, on le distingue toujours de ces contemporains.

Cornélius Yao Augustt Azaglo, togolais né en 1924, est de ceux-là qui ont beaucoup appris de Keita et du sénégalais Mama Casset mais qui ont développé un tout autre style propre à eux. Spécialisé dans la photo d'identité, Azaglo est certainement l'un de ceux qui ont le plus écumé l'Afrique de l'Ouest. Ses portraits étaient pour la plupart pris à l'extérieur, sans décor de fond, un jeu de lumière très réduit. Cette simplicité conférait à ces photos une nudité et un réalisme très purs qui accentuaient les traits des visages sur lesquels aucun sourire ou mimique n'éclatait. Le résultat est une production plus que prolifique de portraits individuels d'hommes et de femmes à l'expression figée mais néanmoins seraine et forte.

L'exposition "Africa by Africa" présente une dizaine d'autres photographestout aussi important. Parmi eux, le Sud Africain Andrew Tshabangu, auteur de photos qui rendent l'atmosphère terrible des townships de Sowéto avec une rare acuité.

 

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